Animalia Kingdom
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 Fallen Embers | PV: Anyel |

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Ivann McDowell
♧ Humain ♧
Policier

Ivann McDowell


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MessageSujet: Fallen Embers | PV: Anyel |   Fallen Embers  | PV: Anyel | I_icon_minitimeLun 6 Sep 2010 - 22:53

C'était un bruit très particulier, une porte de cachot qui n'avait guère de poignée, ni à l'intérieur, ni à l'extérieur, mais qui symbolisait à merveille la condition actuelle du mortel. Les prisons de ce type, avaient une acoustique nue, et brutale, que personne ne savait bien caractériser. Tout un ensemble de jugements appréciatifs, diagnostiques, pronostiques, normatifs, concernant l'individu criminel étaient venus se loger dans l'armature du jugement pénal. Ivann avait depuis six mois maintenant, perdu sa liberté. La sentence, prononcée bien des semaines auparavant par quelques autres, si elle avait été formulée en termes de sanction légale, impliquait désormais, plus ou moins obscurément, des assignations de causalité et des anticipations sur l'avenir du meurtrier. Certains avaient admis que l'homme était coupable, et fou, et donc à enfermer, et à soigner, plutôt qu'à punir. Le crime déjà, en lui même, disparaissait. Que ferait-on alors, du condamné? Plus personne ne devait en appeler à l'indulgence, puisque l'homme n'éprouvait ici aucun chagrin, à l'idée d'avoir mis fin aux jours de celle qui avait su si bien tracer son destin. Maintenant, son devoir était de se bien racheter, mais à quel prix? Alors, on lui avait imposé une tâche, qui ne lui était pas naturelle, aussi l'humeur s'était-elle vue immédiatement dégradée. Tous les objets de la raison humaine pouvaient se diviser en deux genres, à savoir, les relations d'idées, et les faits. Ivann croyait que le contraire d'un fait quelconque était toujours possible, car il n'impliquait guère la contradiction et l'esprit le conçevait aussi facilement, et aussi distinctement que s'il concordait pleinement avec la réalité. Ainsi, il n'avait guère assassiné sa mère, mais sa mère l'avait assassiné. Dans cette affirmation la plus vraie, l'humain ne chercherait jamais à en démontrer la fausseté. Tous ces autres avaient tort, lui était plongé dans la vérité. Tous ces imbéciles ne savaient rien de ce qui s'était réellement passé.

On déplorera déjà les misères de cet esprit déjà trop amoindri. Mais Ivann n'était guère fou, car toutes ces lois, faites par des hommes qui n'avaient point droit de les faire étaient injustes. C'était demander au policier plus qu'il ne pouvait faire, que de vouloir à tout prix qu'il se taise. La vérité, un jour, éclaterait, remanierait les convictions intimement gravées dans le coeur de ceux qui l'avaient odieusement jugé. Qu'on le haïsse, ou le méprise aujourd'hui n'avait guère d'importance, sa vie recommencerait dès lors qu'il serait enfin parti. Oh, il se souvenait si bien l'américain, de ces scientifiques qui avaient trop aisément su le conduire dans cette ville ! Animalia Kingdom, voilà que tu avais accueilli entre tes bras l'âme qui jusqu'ici, n'avait jamais été que rabrouée. Des jours entiers passés, à suivre les instructions pour effacer à jamais le crime. L'expiation, prison effroyable, pour l'homme qui donnait à son âme la brûlure du fouet afin d'oublier. Considérons l'oeil du fautif, disséquons-le, contemplons-en la structure fébrile, et l'agencement bancal, et osons dire, d'après notre propre sentiment, si l'idée de l'auteur de cet acte infâme était si effroyable. A quel degré d'aveugle dogmatisme fallait-il donc que nous soyons parvenus pour rejeter de la sorte des arguments à même de jouer en la faveur du mortel? Faire silence alors, et observer, car l'implantation dans la nouvelle cité n'avait guère été des plus aisées.

Tout avait commencé par ce coup de fil, atrabilaire au matin, qui ordonnait que l'on quitte la chambre, et prépare ses effets. Et, n'ayant nul autre choix, Ivann avait docilement obéi, rassemblant ses quelques affaires, et se rendant au rez-de-chaussée de cet immense hôtel, situé au coeur de Londres. Les scientifiques l'y attendaient, et tous les yeux étaient rivés sur lui. Le rideau s'ouvrait alors pour de bon, sans doute avait-il été piégé. Qu'est-ce qui pouvait bien l'attendre exactement, dans cette cité?? Cette rencontre-ci cachait une stratégie subtile, l'homme l'aurait juré. Approcher, l'image était claire, il voyait encore sa main parvenue à hauteur d'un plateau, découvrir une jarre ornée d'un crochet au bout duquel pendait un gobelet de terre cuite qu'il s'était alors empressé de décrocher pour déposer sur le bois rouge de la table trop érodée. Quelques mots, quelques échanges anodins avec ces autres, et les derniers ordres lui étaient donnés. Policier, voilà quelle fonction il exercerait là-bas, mais cela, il le savait, on le lui avait déjà dit, pourquoi perdre plus encore de temps à répéter? Mais il comprenait très vite. La peur étreignait le coeur de ces hommes, et Ivann, largement égayé de ce simple fait, avait souri toute la matinée. Si dans le secret, il méditait encore quelques mauvaises actions, cela n'échapperait guère aux autorités car c'était en elles qu'était logée la pensée. La route avait été longue, et parvenu là-bas, l'humain avait pu rendre compte de toutes ses anxiétés. Tout était changé, rien n'était fondé. Il les pouvait bien appeler barbares, par égard aux règles de la raison, mais non pas par égard à la découverte de cette maladie humaine. Ces hommes, qu'avaient-ils donc fait?? Quel mal les habitait?? Le progrès de la science avait signifié la régression de la bonté, et ces hybrides là, cantonnés dans une ville pour la fin de leur vie vouaient peut-être quelques sentiments de reconnaissance à cette race pourtant trop altérée. Ivann se persuadait ici que ces usages qui étaient propres aux siens étaient étrangers à toute notion de civilisation. Et il était pourtant ici pour défendre de telles convictions. Le temps n'était pourtant déjà plus aux regrets.
______

Des jours, des semaines, des mois. La vie avait toujours décidé pour lui. Cette existence-ci, il ne fallait pas toujours chercher à la retenir, car ce qui était un bien, ce n'était guère de vivre, mais de vivre bien. Cet univers qui pourtant était sien avait l'air d'évoluer sans lui, de l'envelopper et de le dépasser lui faisant comprendre qu'il n'était qu'une conscience, prise dans le tissu de son expérience. Ivann n'était pas cette personne, ce visage, mais un unique témoin, sans lieu et sans âge, qui ne pouvait guère égaler en intérêt l'infinité du monde dans lequel il lui avait été donner d'évoluer. Quelle importance que ceci? L'homme s'était levé tôt le matin là, s'arrachant à son lit pour gagner la cuisine du petit logement que ces pantins du Gouvernement avaient loué pour lui. L'obscurité de l'appartement était toujours la première à l'accueillir. Le vestibule exigu distribuait, de gauche à droite la cuisine, et le salon, puis le couloir, menant à la chambre à coucher, et à la salle de bains. Le regard s'était porté sur le carrelage, les jointures du sol s'effritant déjà, quelques carreaux commençant même à se décoller. La brume noire de la crasse venait se loger jusque là, sous les carrés de pierre, rappelant largement au flic que le minimum seulement lui avait été fourni. Il ne s'attardait pas dans cette pièce, attrapant sa tasse de café noir, et se dirigeant au salon, allant, sans plus de détours, s'avachir sur la canapé en velours côtelé. Aujourd'hui était jour de congé, l'humain ne devrait donc pas être dérangé. Téléviseur dûment allumé, et, soufflant à peine sur sa boisson, les iris du policier glissaient immédiatement sur l'écran, l'oreille se faisant bien attentive, avant que ne résonne la sonnerie du portable, probablement égaré dans une pièce voisine. Soupir qui échappait aux lèvres plantureuses de l'homme, et celui-ci, redressant le buste, pour aller déposer son récipient sur la table basse, finissait, à la fin de ce bruit assourdissant par se redresser, se dirigeant à la chambre en traînant déjà des pieds. Appel réitéré, et, cherchant un moment, le mortel finissait par mettre la main sur son téléphone, décrochant, pour déclarer, le ton de voix grave:

- McDowell. J'écoute.

- Ah, salut Ivann, c'est Alonzo, je te contacte parce que l'hybride dont tu as la charge a été aperçu aux alentours de ta résidence. Oublie donc le repos pour aujourd'hui vieux, là ça urge, il faut à tout prix que tu lui mettes la main dessus.

Sourcils qui se fronçaient, cet appel était sans objet, car cela faisait des semaines que le dénommé Anyel courrait les rues, et semait la pagaille en ville. Bien qu'Ivann se soit vu, sous la contrainte, devenir le responsable légal de ce demi félidé, il ne l'avait encore jamais rencontré, et n'avait eu droit qu'à quelques échos peu engageants à son propos. Et d'ailleurs, l'autre ignorait bien qu'il avait quelqu"un sur le dos, désormais, alors à quoi bon s'évertuer à le pourchasser? Les ordres étaient pourtant les ordres, et, soupirant à peine, l'humain venait se pincer l'arête du nez, hochant la tête, pour répondre, peu satisfait.

- Ok ok, j'y vais, où l'hybride a t-il été vu pour la dernière fois et qu'a t-il encore fait??

- Midnight blue, l'immeuble juste en face de chez toi, si ma mémoire est bonne. Il aurait chipé une montre de grande valeur au commissaire, juste sous son nez en plus, alors bouge-toi, avant que l'affaire ne fasse le tour de la ville et que cet abruti lance toute l'armada à ses trousses.

Ne pas prendre le temps de répondre, et le flic déjà raccrochait, poussant un juron, en partant à la recherche d'un jean, ainsi que d'un T-shirt, retournant les couvertures, pour attraper celui utilisé la veille. L'horloge murale indiquait déjà neuf heures, il ne fallait pas perdre une minute, et saisissant sa veste, le policier se munissait de ses effets, à savoir, matraque, ainsi que pistolet, accrochant le tout à sa ceinture, avant de tourner talons tout en glissant le portable dans la poche arrière du jean troué présentement porté. Insensiblement, un plan commençait à germer dans son esprit, et il lui fallait l'absurdité du monde pour le voir aboutir. Il avait sa chance, mais le temps lui était désormais compté. Porte qui déjà claquait, et dans le couloir immense, qui menait aux escaliers, eux-mêmes conduisant au bas de l'immeuble, il était à présent possible d'entendre s'éloigner le bruit des pas vifs du policier, désormais aux aguets.


Dernière édition par Ivann McDowell le Mer 15 Déc 2010 - 12:23, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Fallen Embers | PV: Anyel |   Fallen Embers  | PV: Anyel | I_icon_minitimeVen 10 Sep 2010 - 16:09

Il n’y avait nulle échappatoire. Les condamnés, toute leur vie restaient en marge de la société, la chose était bien connue. Une distance proche du gouffre séparaient ceux qui avaient à un moment ou un autre de leur vie goûtés à l’insurrection et au crime, de ceux qui menaient, jour après jour, au fond de leur logis tranquilles, une vie dite respectable. Anyel n’avait jamais fait partie de ceux-là. Et n’en ferait jamais partie, il le savait. Ces voies douces d’une existence sereine dans une maison chaude lui étaient à jamais, interdites. Comment faisait ces hommes, qui, suivant une route que le Destin, ou tout autre chose, avait tracée pour eux, menant rébarbatives tâches, devoirs, obligations quotidiennes et travaux de chaque instant, pour goûter, un instant seulement, à cet aspect de la liberté, que seuls ceux qui enfreignaient les lois pouvaient connaître ? Il n’y avait rien de plus étouffant que de rentrer dans les moules soigneusement établis par les règles d’une société conformiste et trop incertaine. Anyel n’était nullement de ceux-là, une fois encore. Il avait tout connu dans sa courte existence de jeune hybride déchu des aspects négatifs de cette humanité dite civilisée. Les cœurs de ceux qui se voulaient sains et respectueux des lois n’étaient que noirceur, tromperie et cruauté. Et d’ailleurs, que suivaient-ils, ces mortels malades, atteints de perfidie et d’impureté ? Quels dieux pouvaient être ceux qui dirigeaient les lois ? Ce n’était que des hommes, d’outrecuidant mortels qui avaient pris les rênes d’un pouvoir qu’ils ne pourraient posséder jamais que partiellement, s’enorgueillissant de paix et de tranquillité. Tout cela n’était que gausseries, mensonges. La vraie loi qui subsistait, était celle du Ciel, qui lui seul, pouvait régir une vie. Et parmi ces hommes, qui peuplaient la ville, qui peuplaient un monde qu’Anyel savait bien plus grand que les frontières de cette métropole, pas un, ne méritait d’être sauvé. Lui, ne le serait pas.

Pour ce qu’il était, pour ce qu’il avait fait. L’on se souvenait alors, quand tous ces hommes l’avaient trouvé, menotté, enfermé et jugé, sans qu’à un seul moment, la nature de ses actes ne lui soit expliquée. Il n’y avait eu, que mots violents, et plein de fureur, des sanglots quelquefois, et lui, être perdu et de si petite taille, posait les yeux sur un monde empli d’accusations, et de cette affreuse chose que l’on nommait justice. Tous les maux de la ville avaient plus sur lui, car il semblait parfait coupable, doué d’absurdité, ou feignant la démence, pour cacher un insoupçonnable appétit de sang. Qu’importait encore, peut-être était-il définitivement stupide, quand certains voyaient sous ce masque d’enfant une folie meurtrière grandiose et insoupçonnée. Il n’avait pas pleuré, il n’avait rien dit, car la peur, sans cesse, avait liés ses mots au creux de sa gorge. On lui avait donné, de trop nombreux papiers, lui faisant avouer, le condamnant, et il avait hoché la tête, devant ces signes, ces lettres, qui n’étaient pour lui qu’un mystère insoluble, qu’une magie du monde, auquel jamais il n’aurait accès. Il avait suscité, l’émoi autant que l’horreur, le dégoût quelquefois, la violence aussi, et son corps, des mois après, restait marqué de quelques coups, que la main gauche de la justice avait choisie de lui donner. L’on avait haussé le ton face à lui, prononcé la névrose, émis l’ineptie, approuvé la plus profonde des bêtises devant son silence, mais nul n’avait pris le temps, de lire un instant, la terreur qui couvait au fond des grands yeux gris. Les hommes ne savaient voir. Et le sang trouvé sur son corps, n’avait pas autant tâché son cœur que la folie humaine.

Et puis, il y avait eu cette libération, hasardeuse. Sa vie jusque là n’avait jamais eu beaucoup de sens, même pour lui, principal protagoniste ; il avait du apprendre à se cacher plus encore, bien que l’on ne fasse pas souvent attention à lui. Son existence, petite et insignifiante, s’éclairait de l’intérêt des autres quand par malheur, l’on le surprenait à quelques vols, ou autre acte de vandalisme, qu’il effectuait d’ailleurs sans y prendre garde. Piller, soustraire, dérober, tout ceci d’abord n’avait été que de l’ordre de l’instinctif ; il fallait prendre ce qui passait devant soi, et toutes les raisons du monde n’auraient pu lui faire comprendre qu’il y avait dans ce geste, un mal. Ce n’était pas un manque d’intelligence, plutôt, un oubli d’instruction ; d’ailleurs, n’était-on pas tout à fait né pour cela ? Il était rare de se faire prendre, et tout donc était motif à s’approprier un bien qui par hasard, se trouvait sous les yeux ; nulle préméditation dans les actes et peut-être était-ce là, la véritable preuve de l’innocence. Un bijou au cou d’une femme, une tarte à une fenêtre, quelques pièces dans un café ; ce qui attirait l’œil, ou le ventre, étaient ses cibles de premier choix. Exister dans les ruelles d’une ville aussi grande que celle d’Animalia Kingdom n’était pas sans danger, et tout était bon, pour s’en tirer comme on le pouvait. C’était la survivance, qui en avait décidé ainsi.

---

La course l’avait laissé haletant. A bout de souffle, il se hissa sur le toit de l’immeuble, vacillant un instant, en équilibre sur un pied et perché sur une gouttière branlante, avant de se jeter sur le sol dans une dernière poussée, atterrissant dans un gémissement douloureux. Eberlué, il se releva difficilement, revenant vers le bord du toit pour se pencher et observer la terre, posant un regard à la fois anxieux et triomphant sur la petite foule qui s’était rassemblée, quelques étages plus bas. Les flics l’avaient suivis une demi-heure, sirène hurlante, dans les ruelles de la ville, et il les avait semés en grimpant au mur délabré de l’HLM, tirant quelques hurlements horrifiées à une vieille femme perchée à sa fenêtre. Qu’importait. Satisfait, il leva haut devant ses yeux l’objet de tout ce désordre : une grosse montre en or, volée un peu plus tôt dans la journée à un grand patron de police. Si elle n’était pas franchement belle, elle valait beaucoup, et l’esprit de l’hybride avait eu tôt fait de la convertir en quelques bons kilos de viandes et autres denrées que lui échangeraient contre l’objet un receleur bien connu des bas quartiers. Qu’importait si la nourriture n’était que de piètre qualité, car durant quelques jours au moins, son estomac ne crierait plus famine. Il leva les yeux. Le jour était sombre. Bientôt le ciel serait couvert d’une chape épaisse de nuages, et l’on devinait que dans quelques minutes, la fragrance acide dans l’air laisserait place à une pluie agressive et brutale. Il ne fallait pas traîner ici.

Redescendre ne fut pas chose aisée. Les policiers avaient cernés l’immeuble, et l’on voyait bien, au bas, le gros bonhomme rougeâtre à qui l’on avait soutiré la montre, quand il cuvait sa vinasse, hurler et bafouiller des ordres furieux à tort et à travers. Le spectacle avait laissé, curieux de cette humanité étrange, intriguant le garçon qui n’avait jamais vu d’homme si bedonnant et vilainement rougeaud ; il n’était pas temps, pourtant de se laisser aller à quelques contemplations coutumières, car il fallait partir ; la pluie de plus, s’était enfin déclarée, aussi agressive que ce que l’on avait prédit, mais la chose ne semblait pas décourager les hommes en bas, qui s’étaient transformés en une myriade de cercle noirs, ainsi abrités sous leurs parapluies. Anyel fit le tour du toit un long moment, avant de trouver enfin ce qui serait son échappatoire ; en plein milieu de l’hlm, une porte de métal au sol. L’on avait lutté une bonne demi-heure pour parvenir à tirer vers le haut la plaque rouillée et branlante, et au bout de maints efforts, l’hybride s’était laissé glisser dans la noirceur de la trappe, celle-ci se refermant vivement à l’emplacement où, un millième de seconde plus tôt, se trouvaient ses doigts. Il atterrit, quelques cinq mètres plus bas, se recevant en s’aidant de ses mains, le souffle légèrement coupé, dans un noir total ; tâtonnant, il cligna des yeux pour s’habituer à l’obscurité, trouvant une poignée sous lui alors, et la tirant, pour se glisser instinctivement dans le trou. Nouvelle chute, de moins de deux mètres, et l’hybride découvrait maintenant qu’il se trouvait dans une boite exiguë et plus sombre encore ; il eut à peine le temps de se redresser, que la chose alors s’ébranla, et, surpris, il s’appuya aux parois ; des lumières s’allumèrent au dessus de lui, éclairant la pièce minuscule qui descendait, semblait-il. Arrêt, et alors les portes s’ouvraient, révélant un vieil homme armé de sacs qui posa sur lui un regard surpris ; sans hésitation, l’hybride se faufila dans le hall, sous les appels de l’homme, fonçant vers une porte entrouverte, et atterrissant dans la rue. L’eau d’une gouttière, alourdie par le taux impressionnant de pluie, se déversa brusquement sur lui, et il émit un couinement surpris, filant droit devant lui alors, et se glissant par une large porte entrouverte dans ce qui semblait être un parking. Trempé, maculé de poussière et de l’huile noirâtre qui graissait les câbles de l’ascenseur, les poils collés et le minois sali, le jeune félidé s’enfonça dans les méandres du parking, se faufilant entre les voitures, pour s’asseoir sur le capot de l’une d’elles. Serrant ses genoux contre son torse, il frissonna, glacé, contemplant à son poignet la montre déjà abimée qu’il avait dérobée. Bruit, pourtant non loin, et l’on relevait le nez alors, le regard aux aguets, fixant, au loin, une silhouette qui semblait approcher, mais ne devait encore l’avoir remarqué ; immobilité, et le jeune hybride, tremblant de froid, garda le silence, les yeux rivés sur cet homme dont le visage encore lui était étranger.
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Ivann McDowell
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MessageSujet: Re: Fallen Embers | PV: Anyel |   Fallen Embers  | PV: Anyel | I_icon_minitimeLun 10 Jan 2011 - 15:34

La grande perturbation avait semé derrière elle de multiples remous et retours de courant, d'où s'élevait une très caractéristique odeur, que l'on aurait aisément pu qualifier de méphitique. L'effluve, qui semblait planer dans l'air, avait quelque chose de si radicalement étranger que la physiologie humaine ne semblait pas encore y être bien habituée. Ivann sentait déjà la lame qui soulignait l'amorce de sa jugulaire et en appréhendait les méfaits. Ce passage en eau profonde avait pour but de bien le mettre en garde, car à l'évidence, cette affaire sentait bel et bien le roussi. Cet hybride en cavale ne lui avait pas été confié pour rien. Le policier pensait alors à une plaisanterie de très mauvais goût. On ne l'avait encore guère mis sur l'échafaud, mais une erreur, un échec, signifierait pour lui l'exécution de la peine capitale, qui inscrivait encore, de ses lettres sournoises, son casier judiciaire de criminel. L'homme avait alors brièvement envisagé des solutions excentriques ou même franchement plus insensées les unes que les autres. Peut-être qu'équipé comme il le fallait, avec l'habileté d'un chimpanzé, parviendrait-il à réussir l'ascension de ces si hauts buildings, où le jeune félidé semblait avoir élu domicile. La question du vertige cependant devait être posée. Ivann, malgré tout son courage, toute sa volonté, n'était guère disposé à défier les lois de la pesanteur mais était persuadé pourtant, d'avoir la force requise pour entreprendre un tel exploit. Mais enfin, à dire vrai, était-il vraiment nécessaire, de s'en aller grimper les plus hauts sommets, et rendre peut-être ses tripes en priant, l'on ne savait quelle entité supérieure, de nous sauver la mise? Allons allons, il fallait savoir être prudent, dans la vie et ne pas prendre trop de risques. Ou alors, téléguider un propulseur de sortie, mais l'objection du mécanicien portait sur le problème de la stabilité. Recourir aux techniques de pointe alors et attendre que le neko rejoigne le sol, pour mieux envisager de le taser. L'idée, bien que tentante, ne convenait néanmoins pas à l'humain, accoutumé à de plus douces méthodes. Il était évident qu'Ivann devait battre en retraite, et donc délaisser cette étrange initiative.

L'homme avait alors pris la direction du rez-de-chaussée, complètement perdu dans ses pensées. Le retour sur les évènements des mois derniers l'emplissait de doutes. N'avait-il pas abandonné la proie pour l'ombre??? Regrettait-il la médiocre condition que tous ces hommes lui avaient si injustement réservé? Force était de constater que cette longue négociation avait concouru à établir sa décision, et à imposer son choix. La mort ne lui était guère enviable, et même son imagination n'aurait pu pousser jusqu'à en concevoir l'idée. Mais qui voudrait demeurer dans une ville aux accents si dénaturés? Ivann avait beau vouloir se donner tout entier, ouvrir toutes les portes de son âme, il ne parvenait guère à accepter l'apparition trop soudaine et fortuite de ceux que l'on nommait " hybrides ". Ce lieu secret de l'expérimentation scientifique où personne, autre que les principaux concernés, ne pouvait pénétrer, voilà qu'il en était prisonnier. Comment savoir ce que ces êtres pensaient? Savait-il quelque chose d'ailleurs de plus affreux que ce constant frôlement des êtres qu'il ne pouvait tout à fait côtoyer !? Un torturant besoin d'union travaillait le mortel, mais tous ses plus brillants efforts restaient stériles et ses prières, inabouties. Il était différent d'eux, de ces créatures qui parfois riaient en le voyant passer. Qui venait? Qui l'appelait? Personne, car la solitude l'avait toujours trop bien dominé. Ce gouffre immense n'était autre que sa vie, et parfois l'homme entendait des bruits durant la nuit, des voix, des cris, et avançait à tâtons vers ces rumeurs confuses. Accident nerveux de l'appareil auditif, les yeux pourtant avaient eu une vision, une de ces visions qui font vivement croire aux miracles les plus réfléchis. L'esprit alors, demeuré tout le temps lucide, et ne fonctionnant qu'avec logique, avait bien vite écarté l'hypothèse que quelqu'un l'attendait. Un homme, une femme, qu'importe, pourvu qu'il ait été de son espèce. Les yeux s'étaient trompés, avait trompé sa pensée. Non, il était bien seul, et l'avait d'ailleurs toujours été.

En approchant des escaliers, Ivann chercha dans sa poche les clefs de la voiture, et s'aperçut avec étonnement qu'elles ne s'y trouvaient guère. L'homme fut tellement surpris, et irrité, qu'il manqua remonter sans s'acquitter de sa tâche. Puis il songea que ce serait là faire preuve d'une susceptibilité de bien mauvais goût, et que l'hybride ne pouvait, de toute évidence, se trouver que dans les environs. La voiture ne lui serait donc pas d'une grande nécessité. Passer ses nerfs sur le premier carton que l'on croisait, y envoyer durement le pied, en jurant à tout rompre, avant de reprendre une expression posée, dès lors que quelqu'un approchait. Allant à grand trot vers le parking souterrain, l'homme évoluait désormais en silence, en rythme à vrai dire avec le bruit sec, et appuyé de ses bottes épaisses. L'humeur n'était pas à la patience, et à la générosité, aussi bouscula t-il un vieillard dans son avancée - un hybride proche du rongeur, semblait-il - lui adressant un geste grossier, dès lors qu'il se mettait à pester contre ses manières peu civilisées. Il sauta les dernières marches, surpris de voir les portes de l'ascenseur se refermer sur un autre habitant, serrant un peu les dents, en le voyant lui adresser un signe. Approchant alors, et, voyant que l'autre levait le doigt pour entamer son histoire, Ivann tapa nerveusement du pied, pour lancer trop brusquement:

- Et bien ! Qu'est-ce que vous désirez?

Etonnement chez l'autre, qui redressait un peu le buste, révélant au regard nettement teinté d'agaçement une panse bien remplie, qui fit se dresser une moue sur le visage du policier, celui-ci tachant reporter son attention sur les yeux de son interlocuteur, et non sur son immense tirelire. Sourires échangés, affabilité accessoire et trop exagérée, et le type se retournait pour tenter jeter un coup d'oeil par le hublot de l'immense porte, donnant accès au parling de la résidence. Qu'avait-il donc ce bougre, ne pouvait-il donc pas parler???? Index pointé vers l'endroit, et le flic haussait sourcils, interrogeant l'autre du regard, quand enfin celui-ci se décidait à prendre la parole:

- B-bonjour m-m-monsieur Ivann.. Il...il...il est à v-v-vous...l'hy...l'hybri...de? J-je n-ne l'ai...ja-ja...jamais vu ici.

Tomber sur quelqu'un qui bafouillait, davantage qu'il ne parlait, il fallait le faire tout de même ! L'homme se redressa, posant un regard plus las sur son vis-à-vis, pour lui demander d'un ton égal:

- Quel hybride???

- L'hy...br-bride c...ch...ch..., tenta d'expliquer le vieil homme rondouillard.

- ...Chinchilla??? Chauve-souris?

- N-non...le..ch...ch...chat ! Il...il, il est allé d-dans le hall...m-mais, il a pris la di-di-direction du parking ! Je, je l'ai vu s'y rendre !, parvint à conclure le malheureux.

- ...Et merde, marmonna le policier pour lui-même, avant de reprendre: Ouais, considérez qu'il est à moi, et regagnez votre appartement d'accord? Je m'occupe de tout. Allez, bonne journée !

Approcher de la tête livide et replète, passant un bras autour des épaules de l'autre, pour appuyer de sa main libre sur le bouton de l'ascenseur, et le pousser dedans, lui adressant un signe rassurant, pour se diriger en hâte vers le parcage souterrain. Laissant claquer la porte qui ne manqua d'ailleurs pas grincer, Ivann se dirigea d'instinct vers sa vieille camaro à la peinture érodée, en effleurant le rétroviseur, aux aguets, avant d'entendre quelques bruits de pas, plus en avant, dans le garage aménagé. Faire silence, et, avançant à pas de loup, l'humain prenait quelques postures extravagantes, pour tenter voir plus loin que ce que sa vision lui permettait, se tenant à un pilier, avant de trouver enfin la cause de tout ce grabuge.

- Je te tiens... murmura t-il, en laissant un sourire satisfait se dessiner sur ses lèvres.

Il l'apercevait enfin, l'hybride, ou du moins, ce qu'il croyait être l'hybride, fronçant sourcils, en distinguant une queue fournie, et allègrement salie, ainsi qu'une paire d'oreilles tombantes et dépeignées. Et cette odeur, quelle horreur ! Emanait-elle de lui? L'homme espéra que non, Le laisser s'asseoir sur le capot d'une voiture, espérant que son propriétaire ne soit pas trop à cheval sur la propreté, au vu de l'état du neko. Ivann avait même du mal à bien distinguer ses traits, sous l'amas de crasse qui maculait son visage émacié. S'il parvenait à lui mettre la main dessus, nul doute sur le fait qu'il le laverait avant qu'il ne pose les pieds sur le tapis de l'entrée. Ne pas bouger, observer un peu, l'autre se recroqueviller sur lui-même, visiblement gelé, fronçant sourcils, en constatant que ses habits étaient trempés. Il ne semblait pas bien méchant, à dire vrai, et l'humain, prenant sur lui, décida enfin de se révéler à son regard. Laisser le talon de la botte heurter le sol, l'humain portant toute l'attention du neko sur lui, le contemplant, sans émotion aucune, tachant dissimuler un peu la matraque qui risquait de susciter quelques réactions de peur, et conduire à quelques fuites, qu'Ivann ne désirait pas voir prendre jour ici. Le contempler, trop longuement peut-être, et le demi-félidé faisait déjà mine de bouger, le policier avançant alors, pour lancer, d'une voix qui se voulait rassurante:

- N'aie crainte, je ne te veux aucun mal... Est-ce donc toi Anyel? Tu as une montre qui ne t'appartient pas, pas vrai? Donne-la moi, et je te laisserai en paix, d'accord? Allons, approche...
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MessageSujet: Re: Fallen Embers | PV: Anyel |   Fallen Embers  | PV: Anyel | I_icon_minitimeSam 29 Jan 2011 - 0:01

Les agressions, la violence, l’insécurité n’avaient jamais été les maîtres mots de la ville, du moins, dans la majeure partie des quartiers opulents, où les forces de l'ordre daignaient mettre les pieds. Il régnait, dans cet espace clos et prétendument sûr, une diversité particulière des coutumes et des langages, des habitudes et des évènements ; les vies s’opposaient les unes aux autres, toutes singulières, et pourtant si semblables, pour peu que l’on procède à l’organisation minutieuse des genres et des variétés. Il ne fallait pas parler ici de races ; tous étaient hybrides, et hormis pour les quelques rares étrangers dont l’ADN jamais n’était passé sous des mains scientifiques, il n’y avait pas de considération particulière pour tel ou tel détail que la naissance contrôlée avait apportée au début d’une vie. Griffes, ailes, crocs, peu importait, et les enfants apprenaient vite avec l’âge qu’il y avait plus important que l’animalité qui les composaient tous : le statut, la célébrité, l’argent, il y avait tant à acquérir encore, pour ceux qui déjà, avaient eu la chance d’être choisis par une famille fortunée, ou du moins, dotée de finances confortables. Et il y avait les autres, réduits à l’espoir d’une improbable chance qui les feraient se hisser au rang de ces semblables gâtés par une famille entière, si enclins aux geignements malheureux quand ils possédaient tant. Si Anyel avait déjà trop envié, et enviait encore à quelques reprises, les chances incroyables de ceux dont il ne pourrait atteindre la caste sociale, il ne s’était jamais plaint d’appartenir à ceux dit « des bas-fonds ». Les misérables, les pouilleux, les criminels avaient peut-être un jour partagés un de leurs repas avec lui, et il les avait frôlés sans les craindre ; la ville divisée en deux reniait les raclures malades de ses trottoirs sales avec la même obstination que ses enfants distingués détournaient les yeux face à l'indigence. Anyel connaissait ce sentiment improbable d'abjection alors qu'on lui refusait au bord d'un étalage un fruit ou un bout de viande à crédit, mais ne s’en souciait que quelques minutes. Les poubelles après tout, étaient bien plus indulgentes que les cœurs de ces hommes qui n’avaient jamais pour la misère que dégoût et moquerie.

La carrosserie flambante de la voiture neuve crissa sous ses griffes. Il leva la main, trouvant sous les ongles recourbés une écaille de peinture rouge, et observa le petit bout lumineux dans l’obscurité rassurante, avant de le jeter d’une pichenette derrière lui, s’intéressant au petit trou couleur rouille qui marquait maintenant le dessus de l’automobile fraîchement laquée. Encore un objet cher, qui à ses yeux ne valait pas un sou. Il avait souvent été admiré de belles carrosseries chez un petit concessionnaire de la ville, non pour les jantes et les sièges en cuir, juste pour s’extasier des couleurs improbables qui ornaient de temps à autre un vieux modèle barbouillée de manière excentrique, comme il y en avait si souvent. Nouvelle griffure, et un autre bout de peinture s’ôta du revêtement, amusant l’hybride qui gratta tout autour dans le but irréfléchi d’agrandir la tâche, avec le même air absorbé qu’ont les enfants lorsqu’ils éclatent du papier à bulle. Il ne s’occupait plus du froid qui le faisait grelotter un instant plus tôt, pas plus que de l’homme qu’il avait vu entrer quelques instants avant, pensant qu’il ne se soucierait pas de lui, ou ne le remarquerait nullement ; l’éclairage de mauvais halogène ne permettait pas d’y voir clairement à plus de trois mètres. Seul le bruit de grattement qui faisait légèrement écho dans le parking vide, et la clarté de la fourrure qui ornait ses attributs félins pouvaient le laisser repérer dans le manque de lumière. Il cessa tout à coup, pris d’un brusque frisson alors qu’une goutte d’eau glissait de son oreille à sa gorge, et le jeune neko plaqua sa main sur le tracé froid comme l’on chasserait un moustique, avant de se redresser, brusquement inquiet après avoir saisi un bruit proche. L’homme. Là. Il détourna les yeux en s’accroupissant sur le capot, espérant ainsi que l’inconnu n’en viendrait pas à trop se préoccuper de lui. Celui-ci le fixait, la voiture sur laquelle il était perché était-elle sa propriété ?? Il y avait peu de chances que l’on s’intéresse à sa petite personne, dans un autre cas que la sanction, et il connaissait trop la chanson pour ne pas se montrer sceptique. De côté il apercevait l’étranger approcher, et ses félines oreilles se couchaient sur son crâne alors qu’il percevait quelques mots soufflés d’une voix inconnue, comme si l’autre se parlait à lui-même. Il tourna le regard, consentit enfin à croiser celui de l’homme, ses iris luisant dans la pénombre.

L’étranger ne semblait ni agressif, ni amical ; il le regardait simplement, et Anyel inclina la tête de côté, agitant la queue, intrigué tout d’abord, cherchant à comprendre ce que lui voulait cet inconnu sorti de nulle part ; l’attention se prolongeait, et le jeune hybride se recroquevilla sur lui-même, pris de frissons, n’appréciant pas en vérité cet immobilisme soudain chez l’être qui lui faisait face. Que cherchait-il donc ? Le demi-félin n’avait que trop en mémoire encore la chasse lancée à ses trousses par les forces de l’ordre croisées plus tôt, aussi décida t-il de se montrer méfiant. Il se redressa mieux sur la voiture, relevant ses épaules, pour fixer l’homme, croyant percevoir dans cet échange silencieux une menace ; la voix s’élevait tout à coup encore, et Anyel se crispait, fronçant sourcils. Le ton était doux… Presque chaleureux, et le jeune hybride avait relevé les oreilles, en entendant son nom, adoptant une mine étonnée ; cependant les paroles suivantes signifiaient bien que l’homme n’était nullement doué d’attentions amicales. Un peu de dépit… Mais qu’avait-il espéré ?

Il avançait maintenant, et Anyel recula sur le capot, baissant les yeux sur la montre maladroitement attachée à son poignet. Le cadran brisé avait amoindri la valeur de l’objet mais l’or lui rapporterait encore quelques bonnes viandes qui le nourriraient plusieurs jours et épargnerait à son estomac de violents gargouillis. Cela valait trop cher pour être abandonné ; la famine le suivait depuis plus de quarante-huit heures. L’hybride se redressa brusquement, en lâchant un feulement préventif à l’attention de l’homme. Cramponné sur la voiture, il jeta un dernier regard envieux à la tâche marron au beau milieu de l’éclatante peinture rouge, et détala subitement sur le côté pour se rattraper maladroitement sur ses jambes, et s’immobiliser, cherchant une sortie proche. L’impasse était flagrante. La seule issue visible se trouvait au fond du parking, du moins le croyait-il, son illettrisme l’empêchant de comprendre la signification des portes de secours, disséminées dans le parking. Il recula un peu, soudain confus, et posa à nouveau les yeux sur la voiture, pensant encore que peut-être, la chose était à lui, mais l’humain n’avait pas un regard pour la peinture abîmée. Celui-ci ne semblait pas si mauvais, et pourtant, qu’il ait voulu reprendre la montre inspirait à Anyel toute la méfiance du monde ; il recula à nouveau, et sentit derrière lui une autre automobile qui bloquait sa fuite. L’angoisse le fit frissonner, et il vit soudain alors, accroché à un pan de ceinture, la matraque noire sur laquelle un néon se reflétait vaguement.

La sensation fut immédiate. Ainsi acculé, et face à un homme pareillement équipé, son instinct animal lui soufflait vivement que la meilleure défense, était l’attaque ; il se redressa, feula de nouveau et émit un cri menaçant, approchant soudain à son tour, la queue violemment agitée, avant de pivoter promptement vers la droite afin de tenter une échappée. Un sec mouvement de l’autre lui retira le souffle et il laissa échapper un cri, envoyant ses griffes dans un geste d’alerte entamer la joue de l’étranger, les pupilles étrécies confirmant la peur qui laissait glisser une froide sueur dans son dos. Sa respiration spasmodique s’entrecoupa plus encore quand il sentit l’humain le repousser violemment, l’hybride se contractant en augurant le choc brutal du mur dans son dos, n’ayant que le temps de se préparer à tenir sur ses jambes avant de sentir ses épaules heurter le béton avec force, sa gorge laissant échapper un gémissement douloureux. Appuyant ses paumes vers l’arrière sur la matière dure et froide, il releva les yeux pour fixer l’homme désormais tout proche de lui, avisant avec horreur la matraque cette fois tenue d’une main ferme par l’inconnu. Celui-ci avança encore et provoqua une nouvelle bouffée de peur chez l’hybride, alors qu’il bloquait maintenant d’un bras toute tentative de fuite vers l’éclat faiblissant du jour sous l’épaisse couche de nuages sombres qui n’en finissaient plus de faire gronder la pluie sur les trottoirs. Anyel ne put demeurer une seconde immobile et remua brusquement, cherchant à se sortir de la situation mais l’étranger para de nouveau ses mouvements, forçant l’inactivité de l’hybride ; placé face à l’échec, Anyel releva les yeux, et cessa automatiquement de respirer alors qu’il croisait les iris sombres de l’homme.
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