Anyel Deist ♤ Rebelle Chat ♤ Voleur
Date d'inscription : 22/03/2010
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Rapport Age: 18 années. Orientation sexuelle: Uke Compagnon: Ivann McDowell
| Sujet: || Anyel Deist || Terminée. ~ Lun 22 Mar 2010 - 16:16 | |
| Généralités Nom : DeistPrénom : AnyelÂge : Dix-huit annéesRace : Hybride chatProfession : Nous dirons voleur ; pickpocket entre autres. Sexualité : Uke. Don : Vue pour le moins très bonne, excellente souplesse et agilité propre aux félins. Doté de crocs, ses ongles ne sont pas des griffes mais restent plus aiguisés que la moyenne. Description Physique : S’il existe des futilités dans le monde des hommes, la majeure résonne dans l’apparence. Qu’il est fou de vouloir sans cesse s’enjoliver, pour plaire à tous ! La masse des gens et leur frivolité est contemplée d’un œil noir et désabusé par l’hybride intrigué. Que sont-ce là que ces rituels, un tel s’aspergeant de parfums, un autre pavanant, fiérot devant sa glace ? Hé, quand on n’a ni logis ni amis, on n’a guère besoin de séduire. D’ailleurs, trop maladroit, il ne saurait y faire. Il n’est pas laid pourtant ! Certes non, si l’on lui ôte ses vêtements crasseux lavés à l’eau de pluie ; dans les bons jours, ceux qu’il vole lui donnent meilleure mine. Du confortable, de l’inusable, on en demande pas plus. Seule jamais ne le quitte, une besace de cuir usée par les ans, fidèle amie de pillage. Et sous ces frusques ? Un corps bien sur, et loin d’être des plus affreux, il y faudrait quelques kilos de plus. Faible possibilité que de prendre du ventre quand on ne mange tous les jours à sa faim ! Les côtes saillent un peu trop, les formes sont anguleuses, les membres sont trop frêles. Mais tant pis ; avec légèreté on vole sur les toits, et c’est bien plus utile. L’on aimerait pourtant cesser la famine du ventre, les mauvais jours ; mais c’est ainsi. La liberté à un prix que l’on paye sans trop rechigner.
Fait marquant, l’on aperçoit aussitôt qu’on le voit la fine queue blanche qui se balance à l’arrière, un peu blonde peut-être, si l’on regarde mieux ; sensible et bien souvent agitée, elle manifeste les émotions mieux que les paroles. Prenant naissance au bas du dos, l’hybride ne supporte pas de se la voir entravée, aussi à tous ses vêtements des trous sont percés pour la laisser passer. Egale à l’habileté d’une main, elle permet l’équilibre et le maintien parfait. Enfin, tant que ne se mêle pas au jeu la maladresse, parfois prompte à causer les ennuis. Mais passons ; il n’y a pas que cet attribut qui se démarque. Si l’on remonte en haut, l’on voit bien, fièrement juchées de chaque côté du crâne, un peu trop basses sans doute, deux oreilles félines. Imposantes et fournies de poil clair, douces comme une étoffe de velours ; leurs bases se mêlent à une chevelure soyeuse et bouclée, d’aspect blond comme les blés, sans cesse emmêlée par un manque certain de soin. Et sous la frange épaisse, l’on découvre enfin la joliesse marquée sur un visage d’enfant.
S’il n’y a qu’une chose à retenir de lui, retenez donc les yeux. Esquisse délicate, voyez les traits en amande ; perdez vous au cœur des prunelles, couleur de ciel d’orage. De longs cils épais ourlent ces miroirs de l’âme, aux abords trop glacés et pourtant si sincères. Tout passe par ici, ces iris bien peu mensongers qui aiment à tout voir, tout analyser. Doté d’une vue excellente, aussi bien en plein jour qu’au cœur des nuits sombres, il n’est pas étonnant que l’hybride aime à bien rôder durant les nocturnes. Le reste n’est que peu singulier : un nez finement marqué, une bouche taillée dans un rose léger, un air d’enfance omniprésent, jusque dans l’attitude. Triste spectacle que de voir cette beauté bien souvent maculée par la saleté des sols ou l’enfant se replie pour chercher le sommeil ; bien heureux les jours de pluie, fréquents en Angleterre, qui lavent et purifient. Par pur désir de possessivité, il n’est pas rare de le voir porter diverses bagues volées, anneaux en tout genre, ainsi que maints bracelets qui ornent non pas le poignet mais les chevilles, clinquant parfois au rythme de ses pas. Chassons là les idées d’esthétique, car selon lui, il n’atteint guère la beauté. Qu’est-ce d’ailleurs ? Elle ne semble, à ceux qui la possèdent, qu’apporter le malheur et la violence. Alors si l’on en a un peu, mieux vaut bien la masquer ; l’on préfère être en paix. Morale : C’est un enfant sans passion, un enfant sans raison.
Ces mots pourraient résumer Anyel. Allons, pourtant l’on devrait le savoir, il n’existe pas de lignes dans l’esprit qui ne soient grande ou petite, car elles sont toutes composantes d’une même conscience ; il faut donc en expliquer un peu plus. Loin de là l’idée que ce court descriptif puisse seulement expliquer la pleine nature de l’hybride ! Mais commençons. Si l’innocence s’estompe dans les malheureuses années d’adolescence, elle s’efface purement des âmes trop adultes : mais voilà que l’on tombe sur l’exception qui confirme la règle… A-t-il grandi un jour, ce garçon ? Rien n’est moins sûr, et dans le fond apparemment sévère de ses prunelles sombres, on ne lit que la candeur. Il ne sait simuler, ne cache rien et apparaissant à chaque seconde tel qu’il est, ne peut donc être que sincère. Quelle naïveté ! Et pourtant, trop longtemps affligé de quelques maux infligés au cœur par des causes ennemies au genre humain, il a su se parer contre les défaillances de l’existence : il n’y avait nul moyen d’échapper mieux à la folie des hommes qu’en s’éloignant d’eux. Au loin les touchers, les caresses, car le plus simple effleurement effraie ! Et les choses de l’amour ?? Pfut, quelle bêtise. Il contemple au loin parfois ces couples qui, heureux, se promènent, main dans la main ; ressent alors quelques dépits qu’il ne sait bien nommer, et s’éloigne vagabonder pour n’y plus penser. La solitude, douce amie importune et pourtant nécessaire, rend les jours gris difficiles et les belles journées manquantes. Si l’on ne peut même partager un peu de bonheur… Et pourtant, malgré les déficits de l’âme et cette peur des autres, la nécessité naturelle de survie condamne à bien garder espoir en quelques jours meilleurs.
Nous parlions de l’enfance, en voici justement une nouvelle parenthèse : la curiosité s’exerce sur toutes choses. Maigre bagage d’apprentissage pourtant, car illettré et maladroit dans les mots, Anyel ne parle qu’avec difficultés, préférant user de démonstrations, de mimiques inconscientes et autres expressions qui savent si bien se peindre sur le minois d’enfant. La nouveauté, c’est intriguant ; il faut bien regarder, toucher, remodeler du bout des doigts, renifler aussi, détailler encore jusqu’à plus soif, et l’on ne s’en lasse pas tant qu’une chose nouvelle n’a pas pris la place de la précédente. En cela, l’intérêt porté sur le moindre objet brillant ou déconcertant peut se changer en besoin de détention ; alors l’on vole et l’on pille, sans bruit ni trace de regret. Car il n’est pas dit que la douceur de l’enfance n’ait aucun revers. Nulle morale n’abrite cet esprit trop éloigné des enseignements de l’existence ! S’il n’y a ni bien ni mal, il n’y a ni limites, ni frontières, et la liberté prône tous les actes, surtout les plus irréfléchis. Aussi, il ne sera pas rare de le voir parcourant les toits ou se glissant la nuit dans les demeures occupées pour y trouver de quoi manger, revendre ou posséder. Bien des fois il a manqué être attrapé ! Car la déraison réside en le fait qu’il ne sait toujours quand disposer.
Et cette curiosité ne s’applique pas qu’aux objets ; le genre humain. Si l'on l'a déjà cotoyé une fois, la chose encore laisse interrogateur. En existent-ils de nombreux autres, de ces mortels sans déformations, non retouchés, normaux en somme ? Etrangeté, étrangeté, et l’on aimerait savoir. Beaucoup de choses en fait sont connues de lui sur la ville et ses habitants ; car s’il ne parle guère, il écoute, et ses vols même en pleine journée l’ont bien souvent conduits à écouter des paroles dont il n’a compris qu’un fait : les humains sont mauvais, et rien n’est naturel. Même lui ; il voit bien chez ses pairs une haine certaine à l’égard de leurs « défauts », leurs anormalités ; et se contente seulement d’hausser les épaules à cette idée. Ses atouts lui permettent de vivre comme il l’entend, à l’écart des regards et des obligations. Que tous se soumettent aux Créateurs ! Lui, il resterait au loin.
De nature vagabonde, il est forcé à l’hybride de faire quelques rencontres ; et s’il peine dans la compagnie, il sait assez bien comment se débarrasser de celles qui deviendraient insoutenables. En bonne mesure de se défendre lorsqu’il est attaqué, le corps malingre recèle de stratagèmes pour blesser. Griffes, crocs, mais il faut remarquer que les atouts félins ne sont utilisés que pour mieux fuir ensuite. Agilité sans pareille dans la débandade, il préfère s’en aller que risquer d’affronter trop longuement ; mieux vaut fuir que mourir ! Alors usons sans peine des atouts reçus ; ils sont seuls à pouvoir aider. Mieux encore, ils soutiennent l’élément le plus cher au garçon : la liberté. Car au fond, il est indéniable que le fait d'être libre de toute attache a quelque chose d'euphorisant. C'est un peu comme échapper à l'histoire, à l'oppression, aux lois et aux obligations ingrates. En cela se trouve la liberté totale. Point d’ordres reçus dans le petit monde d’Anyel ; seul rythme sa vie un destin incongru dont il ne saisit bien le fil, s’y reposant tout de même avec appréciation. Biographie Anyel n’avait jamais vu le ciel jusqu’à ses quatre ans.
Il lui avait semblé, la première fois qu’il était sorti à l’extérieur de la clinique pour se rendre à l’orphelinat, suivant, malhabile, les infirmiers chargés de sa « livraison », que la voûte céleste était si grande, si indéfiniment immense, que sa pureté à nulle autre pareille l’absorberait, viscéralement, et qu’il se perdrait dans les tréfonds azur du ciel, si profond. Si lointain.
Il avait tout de suite aimé le soleil, le frémissement léger du vent qui glissait sur sa peau, les bruits alentours qui faisaient battre en échos ses oreilles, dans le parc de cet hôpital lugubre qu’il n’avait jamais pu contempler que de loin, enfermé dans la chambrette du sixième étage. Anyel ne parlait pas, non. Il écoutait.
On l’avait déclaré muet de naissance, du moins pour l’un des côtés de sa personnalité car il semblait que ses cordes vocales, nécessaires çà la bonne énonciation de mots, étaient atrophiées. Il miaulait, feulait, crachait et faisait naître d’entre ses lèvres un ensemble de sons et de bruits tout à fait significatifs de ses humeurs, pensées et désirs –mais qui n’avaient rien d’humain. En cela, on l’avait tout d’abord trouvé primaire, puis, les médecins chargés de son éducation en étaient venus au mot de sot. Mais s’il y avait bien une chose qui avait échappée aux infirmiers, c’est que les enfants, aussi silencieux, ignorants, maladroits soient-ils, sont pour la plupart doués d’une intelligence qui, ne répondant pas aux attentes d’un système pour le moins cadré et trop rigoureux, leur est propre, et se manifeste par bien d’autres caractéristiques que les adultes, trop dépassés par le flux quotidien de leurs habitudes et de leurs croyances auxquels ils se rattrapent pour échapper à cette prétendue stupidité qui guette celui qui sait s’arrêter pour contempler son existence, se révèlent incapables de bien saisir. Anyel donc, n’était ni sot, ni lent, et du haut de ses quatre ans, se montrait d’une perspicacité qui aurait, si elle avait été découverte, rendu incrédule bien de ces médecins pensant détenir le savoir. Patient, attentif, les jeux de réflexion n’avaient été pour lui qu’un moyen inconscient de se démarquer de la masse, et parce que les réponses proposées à telle ou telle épreuve étaient loin des répliques attendues d’ordinaire par un hybride si jeune, on l’avait déclaré imbécile. Et à quatre ans, sans jamais avoir jugé utile de lui apprendre quoi que ce fut, pensant que l’école et les apprentissages communs des enfants de cet âge lui étaient à jamais fermés, on l’envoya à l’orphelinat avec l’espoir qu’une bonne âme accepte de s’occuper d’un demi-chat si peu éveillé.
Il avait vu le ciel, donc.
Et cette vision était restée à jamais gravée dans sa mémoire. Les années passèrent, long et lent fleuve d’une existence qui s’annonçait déjà bien amère. Pour lui trouver une occupation lorsque les autres hybrides allaient à l’école, on lui confia les tâches ménagères, et l’hybride alors n’eut d’autre leçon que l’apprentissage du pelage de pomme de terre et le nettoyage des dortoirs, ainsi que maintes autres tâches diverses, variées – ingrates.
Mais ce que tous ignoraient, tous ces enfants qui le jugeaient par son manque de réplique, et le considéraient comme un ni plus ni moins qu’un sot larbin, c’est qu’Anyel, en plus de sa faculté à tout voir, et donc à tout connaître des mœurs et des secrets de chacun, avait pour habitude bien peu correcte de monter chaque nuit sur les toits de l’orphelinat, et plutôt que dormir dans le petit cagibi qui lui avait été assigné, de sommeiller, sous les reflets de la lune, regagnant, apaisé et serein, sa pièce au lever du jour, pour affronter sans broncher les mesquineries et moqueries de ceux qui se croyaient ses supérieurs. Oh, il avait bien regardé quelquefois, les livres d’école et les cahiers de cours, parfois même, on lui avait proposé de lui enseigner quelque chose, et si Anyel avait par le moyen de quelques rares camarades agréables assimilé les bases des mathématiques, les lettres lui apparaissaient un obstacle insurmontable, car dès qu’il voulait imiter la prononciation d’une syllabe, un miaulement glissait hors de ses lèvres et il se résignait à l'apprentissage sitôt qu’il eut refermé la bouche pour taire le son honteux.
Ce ne fut pas une douce enfance.
Les camarades s’en allaient les uns après les autres, adoptés par un ou deux parents qui désiraient combler leur nid vide d’adultes ayant de l’amour à revendre. Cependant, l’on aurait pu s’en douter, l’âme charitable qu’avaient invoqués pour lui les médecins tarda bien à se montrer, et à treize ans, en proie aux rages de l’adolescence qui bouleversent et renversent toutes les certitudes et les croyances bien-fondés de l’enfance, Anyel n’intéressait toujours personne, hormis quelques autres hybrides qui, atteints des maux et des désirs propres de cet âge, se faisaient envieux de sa peau de lait et de ses attributs félins si doux. Mais Anyel savait fuir, et le toit était un endroit ou personne jamais n’avait l’idée de le chercher. Aux présentations d’enfants qui se ruaient face aux éventuels parents pour s’exhiber tels des marchandises, il était relégué au nettoyage de tel ou tel lieu, et les rares fois ou il put être vu par les adultes gagatisant devant toutes ces frimousses angéliques, il fut à peine plus remarqué qu’un balai dans un coin de pièce. Oh, il était beau déjà ! Mais, trop insignifiant aux yeux des autres, il s’était pris dans l’idée qu’il l’était pour de bon, et n’aimant pas plus que cela se faire voir et tourner et retourner en tout sens, il préférait de loin s’adosser à un mur, et n’y plus bouger durant l’heure, les oreilles basses et la queue tombante, une grande mèche blonde mangeant son visage et masquant bien ses yeux, renfrogné et piteux. Ce ne fut qu’un an plus tard, que la si attendue bonne âme se montra.
Les circonstances de la rencontre ne furent pas des plus anodines. C’était un vendredi, et comme tous les vendredis, Anyel, en pleine fin d’après-midi, était occupé à nettoyer les sols de la cuisine. Littéralement a quatre pattes, les mains gantées d’un caoutchouc rose vif des plus répugnants, doigts agrippant une éponge trop sèche que des litres d’eau ne pouvaient plus même attendrir, il frottait vigoureusement un carreau blanc, passant ensuite à un noir, et continuant ainsi jusqu’à ce que la pièce fut faîte. Il en arrivait parfois, dans sa logique de faire une couleur puis l’autre, à se retrouver à la fin avec deux carreaux espacés mais d’exacte teinte, et il cogitait alors longuement sur la question de quel carreau il lui fallait faire en premier. Mais bref, ici, l’hybride n’accordait à sa tâche que peu d’importance car aujourd’hui, il savait que, quelques étages au dessus de sa tête, d’éventuels acheteurs étaient reçus. Acheteurs, voilà le nom qu’il donnait aux parents adoptifs, se moquant, un peu jaloux sans doute, de la façon dont les adulte choisissaient leur futur enfant, avec autant d’attention à leurs dents et leurs attributs que s’ils achetaient un cheval de course. Il frottait donc, perturbé par la présence dans l’orphelinat d’étrangers, tachant deviner, par jeu, quel enfant serait pris aujourd’hui. Quand on le bouscula. Le sol rendu glissant par l’abus de produit chimique le fit perdre l’équilibre et il glissa, son menton heurtant tout d’abord les carreaux si bien polis avant que son ventre enfin ne les rejoigne à son tour. Un miaulement de douleur passa les lèvres de l’hybride qui se redressa malencontreusement, se préparant à jeter un regard mauvais à l’enfant qui lui avait fait un tel coup bas, avant de se rendre compte que l’ombre projetée par les néons aveuglants était décidément bien trop grande ; il leva les yeux, et la surprise marqua ses traits, tandis qu’il se perdait dans des iris d’une étonnante couleur vert d’eau, se déplaçant enfin sur le sourire très doux qui marquait les lèvres, puis, vers la main tendue, si proche de lui.
Monsieur Klinton était un homme bien comme il faut. Avocat dans un grand et chic cabinet de la capitale d’Angleterre, il avait entendu parler par un de ces clients qu’il avait la charge de défendre face aux crocs des jurys d’une ville peuplée d’hybride, le dit-client s’étant aussitôt évanoui dans la nature dès lors que sa peine avait été bien réduite. L’histoire aurait pu ne pas avoir de suite, si ce n’est que Monsieur Klinton, tout à fait curieux et encore en âge de s'adonner à quelques études, avait abandonné sa carrière pourtant prometteuse afin de passer quelques concours en biologie et notamment en étude de l’ADN. Cela ne s’était pas fait en un jour, certes non ; mais l’homme, doté de ces intelligences qui font les plus grandes inventions, réussit à percer dans le milieu et arriva dans les laboratoires de la ville des hybrides, tout à fait satisfait de s’être impliqué dans ces travaux. Car Monsieur Klinton, ayant étudié dans les grandes facultés, homme riche et de bonne famille, divorcé sans raisons données publiques d’une certaine jeune femme dont les traces disparurent peu après cette affaire, n’avait pour but unique dans son existence cadrée et parfaite, que d’assouvir divers et variés fantasmes d’une perversité sans bornes dont les principaux visés se trouvaient être ces chères petites bestioles à demi-humaines, qui enfermées de la sorte, promettaient d’offrir un harem de choix pour exécuter de biens malfaisants désirs.
Mais ça, Anyel ne le savait pas.
Aussi, lorsque Monsieur Klinton, propre sur lui et souriant avec tendresse, l’aida à se redresser en s’excusant de ne pas l’avoir vu, époussetant ses épaules en déclarant par la suite qu’Anyel était un bien mignon garçon, l’hybride fut aussitôt sous le charme. Et quand Monsieur Klinton annonça aux responsables de l’orphelinat qu’il voulait adopter légitimement le demi-chat, ceux-ci en furent si ravis que les papiers furent prêts en deux jours ; enfin, l’âme charitable était arrivée et l’on pouvait ainsi se débarrasser du benêt.
La maison que Monsieur Klinton venait d’acheter, pré-meublée de mauvais goût dans un style arriéré qui n’était pas sans rappeler les sombres demeures anglaises du XIXème, semblait à l’hybride immense – et très vide. Le parc n’était qu’un petit jardinet de mauvaises herbes, piqué de ronces et de rosiers qui avaient sans doute connus des jours meilleurs, et l’habitation en elle-même dégageait un quelque chose de froid et de lugubre qui provoquait dès le palier un sentiment de malaise ; aussi, si l’extérieur pouvait être encore pris pour un tant soit peu chaleureux, l’intérieur était à glacer le sang. Et la maison n’était pas seule à posséder deux facettes. Le gentil Monsieur Klinton, qui s’était comporté en affable parent adoptif durant les trois nuits passées à l’hôtel, le temps de remplir les papiers, enfila au cou de l’hybride, sitôt la porte refermée, un collier de cuir de plus mauvais augure rattaché à une chaîne qui empêchait toute sortie à l’extérieur. Les fenêtres ne pouvaient même être approchées, car tout avait été calculé, angles par angles, pour bien éviter toute fuite ; Anyel ne moufta pas, même lorsque le collier trop serré manqua plusieurs fois l’étrangler, jusqu’à ce qu’il prenne l’habitude des gestes à éviter. Sa chambre à l’orphelinat était bien plus petite que celle dont il disposait ici, mais la nouveauté du lieu lui apparut si froide qu’il mit des mois à accepter enfin de dormir dans son lit ; lit que Moncieur Klinton rejoignait bien souvent, ne touchant pas l’enfant mais se contentant de le regarder en poussant de rauques soupirs et en bougeant étrangement tandis que l’hybride, feignant le sommeil, se contentait d’attendre, parfaitement anxieux et tout à fait ignorant, que les instants passent. Il avait alors quatorze ans.
Ca ne ressemblait pas tout à fait à la vie dont rêvait Anyel lorsqu’il contemplait l’au-delà du parc de l’orphelinat, les nuits passées dans un demi-sommeil sur les tuiles glissantes du toit de la « prison ». Monsieur Klinton pouvait parfois se montrer d’humeur si changeante qu’il était capable de rentrer chez lui avec le sourire aux lèvres, puis immédiatement après, frapper Anyel pour quelques gouttes de lait renversé ; de même que le scientifique, tout aussi agréable puisse t-il être, avait une fâcheuse tendance à laisser ça et là traîner divers cadavres de bouteilles dont Anyel était le premier à subir les conséquences du contenu avalé. Mais c’était mieux, toute compte fait, que tout ce qu’il avait eu jusque là, aussi le demi-chat se contentait de bien faire les quelques tâches ingrates pour lesquelles il excellait, et dont la demeure de Monsieur Klinton avait bien besoin. Sitôt que l’homme en question lui eut acheté de quoi faire le ménage – un kit tout prêt contenant balais, serpillère, seau et tout un assemblage de brosses et de produits aux diverses formes et odeurs-, Anyel tâcha de se bien rendre utile et astiqua la maison de fond en comble, traquant à toute heure du jour et de la nuit toiles d’araignées et cafards, chassant gaiement une multiplicité de rats et de souris avec la qualité et le silence d’un chaton pataud ; autrement dit, il n’était pas rare que Monsieur Klinton s’éveille à deux heures du matin parce que le garçon caracolait dans les diverses pièces du grenier. Ayant réussi au bout de quelques mois à prier assez l’homme pour être détaché de sa chaine la nuit, Anyel s’en donnait à cœur joie et les planchers branlants des plafonds redoutaient ses enthousiastes courses. Toutefois, en journée, il n’était pas rare que Monsieur Klinton s’absente, et le félidé, restreint à sa chambre ou aux quelques pièces auxquelles sa chaîne lui permettait d’accéder, s’ennuyait profondément. Alors il jouait, construisant quelques cabanes sous les draps ou les rideaux, s’amusant comme il le pouvait en rôdant tel un chat sauvage, pupilles dilatées, sans cesse à la poursuite d’un ennemi invisible dont il parvenait toujours à triompher, et quelques voisins heureusement absents eurent sans doute en journée été incommodés par les cris qu’il poussait lorsqu’il terrassait son sombre et inexistant adversaire. Meubles renversés, parfois vaisselle brisée, voilà quels étaient les désastres causés, bêtises pourtant minimes car le fiel prédateur avait vaincu de sa proie. Mais n’est pas toujours victime qui veut, et Anyel allait bien vite le découvrir.
Si Monsieur Klinton n’avait été un si occupé homme d’affaires, il se serait rendu compte tout de suite qu’Anyel n’était pas aussi sot qu’on le lui avait prétendu ; c’est pourquoi, il mit presque un an à se rendre compte que le demi-chat avait aussi des capacités. Un soir qu’il rentrait, il surprit Anyel feuilletant un livre d’images pour enfant, sans doute récupéré dans le grenier et abandonné là par les anciens propriétaire ; l’objet, poussiéreux et antique, comportait en tout huit pages cartonnées aux dessins vifs, un peu usés par le temps cependant, mais encore très lisibles, surmontés de caractère gras qui contaient aussi bien que les images l’aventure d’un petit lion échappé du zoo. S’approchant, l’homme se plut à l’idée que peut-être, l’hybride eut souhaité qu’on le lise pour lui ; et prenant le livre en même temps que le garçon sur ses genoux, il lui conta l’histoire, et celle-ci séduisit tant le demi-chat qu’il réclama en tirant sur la chemise de l’homme que le livre lui soit lu encore et encore. « Fin » fut le premier mot qui franchit la bouche d’Anyel.
Il apprit à parler avec plus de lenteur et de difficultés encore que les enfants de trois ans, bégayant et mangeant les mots, bredouillant et hésitant face à chaque répétition que lui faisait l’homme. La lecture était la deuxième phase d’apprentissage ; mais avant, Monsieur Klinton, en bon et dévoué tuteur, enseigné au garçon les mots les plus courants du vocabulaire, de manière à ce que le gamin soit en mesure de répondre à une question courte, de formuler ensuite à son tour une interrogation et divers autres usages qu’exige la civilité comme remercier et saluer. Anyel, dans le rêve du bon Monsieur Klinton, deviendrait aussi savant que les pairs de son âge, et plus encore sans doute car il comptait bien l’instruire de manière rigoureuse et appliquée. Au bout d’un mois de répétitions et de phrases faites et défaites pas à pas, Monsieur Klinton abandonna son emploi pour se livrer tout à fait à l’éducation de l’hybride. Lui apprendre à formuler une à une toutes les syllabes possibles mit huit mois, et même après cela il n’était guère rare qu’Anyel, dans un moment de nervosité, ne se remette à miauler et à buter sur ses propres mots ; mais aucun des deux partis ne désespérant, le félidé finit bientôt par savoir formuler quelques mots simples, et bientôt encore, à dire des phrases qui, si elles n’étaient toujours très claires et bien souvent mal composées, restaient compréhensibles. A côté de cela, Monsieur Klinton plusieurs nuits par semaine, venait encore dans le silence du faux sommeil de l’hybride s’adonner à quelques vices de voyeurisme, exigeant que le garçon dorme sans vêtement ni draps, prenant pour prétexte que la pièce était exagérément chauffée. Anyel avait presque seize ans, et toujours aussi naïf, laissait la scène se déroulait, paupières closes ; car l’on s’habitue à tout.
L’hybride, de par son ADN mêlé à celui d’un chat, avait toujours eu des caractéristiques félines ; en dehors de ses attributs physiques, il était également victime, tous les deux mois environ, d’une bien triste « maladie », ainsi nommée par Monsieur Klinton, qui, attrapée lors des changements hormonaux de l’adolescence le poussait à s’enfermer trois jours entiers dans sa chambre, fiévreux et parcouru de frissons et de désirs qui, s’il demeuraient troubles à l’esprit de l’enfant, n’étaient clairement pas innocents. Allez savoir pourquoi, Monsieur Klinton à ces périodes venaient bien souvent réconforter le félidé à qui il demandait de s’exploser clairement et nu, raisonnant que délier les muscles en s’allongeant de manière reposée aiderait à apaiser la situation. Il y avait ainsi deux facettes chez ce charmant homme de bonne famille, et celle qui faisait de lui un voyeur et un ivrogne colérique n’était certainement pas celle qu’Anyel préférait ; mais il lui enseignait la parole et les mots, et en cela, lui portait un intérêt que jamais personne n’avait seulement pensé offrir à l’hybride. Monsieur Klinton donc, était un homme aimé.
Mais comme dans toute histoire, il arrive un moment ou un phénomène change les cartes du jeu. Il fut un soir comme les autres ou Monsieur Klinton, passablement éméché, tomba sur Anyel endormi sur le tapis du salon, prêt à aller dormir et donc sans rien de plus qu’un sous-vêtement, et décida, en bon homme de vertu qui décide que sa patience à mérité récompense, de tirer un peu de profit de celui qu’il l’avait, en toute bonne âme qu’il était, recueilli et hébergé. C’était sans compter que l’hybride, qui sommeillait tranquillement en attendant patiemment le retour de l’homme, n’apprécia pas plus que cela, cloîtré dans un rêve de chasse et de poursuite, les mains froides et rêches qui se posèrent sur sa peau et l’éveillèrent en un brutal sursaut. D’un coup d’œil et d’un seul, il saisit le caractère saoul du pas-si-doux Monsieur Klinton et lorsque celui-ci fit mine de le faire se retourner en soufflant comme un animal, Anyel tenta de fuir. Débandade, certes peu appréciée puisqu’il se retrouva l’instant d’après à nouveau à terre et suffoquant, l’homme ayant habilement tiré sur sa chaine pour l’immobiliser ; et l’on sait que lorsque la peur prend le contrôle des choses, il n’est guère d’instant ou l’esprit fébrile adopte un temps pour réfléchir. Proche de la cheminée, Anyel attrapa la première chose qui lui vint sous la main et frappa d’un coup de tisonnier la tempe du gentil et tranquille Monsieur Klinton.
Lorsque l’on se trouve pour la première fois de sa vie confronté à la mort, qui plus est à une mort que l’on a soi-même provoqué sans le vouloir, il arrive que l’esprit appose un blocage à la conscience pour lui permettre de se protéger. Ainsi, si Anyel avait bel et bien assassiné Monsieur Klinton, il n’en prit pas tout de suite la mesure. Il y eut tout d’abord l’affolement de le voir s’écraser lourdement au sol. Il y eut ensuite la peur du sang rouge qui, ayant giclé, avait maculé un bord de mur et qui se faisait maintenant savoureusement absorber par le tapis. Puis, la colère, parce que l’hybride ignorait ce qu’il lui avait pris, à ce fou, et enfin, la résignation et les tentatives de sauvetage. On ne doute pas que l’essai de faire boire un verre d’eau au cadavre en lui soulevant la tête fut un essai pour le moins peu concluant. D’autres échecs suivirent, comme tapoter les joues, appeler, secouer, pleurer un peu, ne pas comprendre, appeler encore, griffer, se reprendre, boire l’eau du verre qui avait touché les lèvres du cadavre et tenter de le redonner à la bouche déjà froide. Mais rien de tout ceci ne marcha, et si Monsieur Klinton n’avait pas eu l’habitude chaque jour de se rendre à l’épicerie à quelques rues d’ici, s’il n’avait commandé diverses bouteilles de vin coûteuses en demandant expressément à être prévenu à leur arrivée, si cette bonne vieille épicière n’avait pas tenté une bonne quinzaine de fois, et ce pendant trois jours, de téléphoner à la demeure, jouant ensuite les inspecteurs de village en quêtant ça et là si quelqu’un n’avait pas vu Monsieur Klinton ; si elle n’avait pris, somme toute, par la suite la décision d’appeler la police, Anyel n’aurait probablement jamais été retrouvé, baignant, quatre jours après dans le sang séché du cadavre, à demi-mort de faim et de soif, n’ayant quitté son chevet dans l’espoir futile de voir se réveiller l’homme qu’il avait tué.
Le reste est un brouillard.
En fait, la vie d’Anyel avait été un brouillard. Et si son mutisme s’était arrangé, s’il avait été capable, par la suite, de conter les faits à un juge, il avait été pourtant été jugé comme un dangereux meurtrier, un voleur que Monsieur Klinton avait voulu empêcher de mal se comporter. Somme toute, Monsieur Klinton était un homme bon et charmant, et Anyel lui, fut condamné à la prison ferme jusqu’à la fin de ses jours misérables. Et sa vie s’arrêterait là, si le destin à grands coups de faux n’avait choisi, précisément le jour ou Anyel se trouvait dans le camion de détention le menant avec d’autres à la prison de la ville, de prendre la vie du conducteur du dit camion, tirant son âme d’un petit coup sec pour emballer son cœur. Crise cardiaque, et le camion se retrouva dans un fossé, les portes défoncés par le choc s’ouvrant en grand pour libérer tout un tas de délinquants sonnés ou en piteux état, dont le petit hybride fit parti. Ce fut ce jour-là, sans doute, qu’il commença sa nouvelle existence.
Il y avait, parmi les détenus qu’un grand coup de hasard avait sauvés de la cage, un certain hybride belette, et un demi-renard que la nature avait doté de dons propres à leurs côtés inhumains ; l’un était une fouine sans pareille pour se glisser n’importe ou, entendre et voir tout ce qu’il y avait d’intéressant, et l’autre, maîtrisant à souhait le mensonge et la tromperie se trouvait être un délicieux fabulateur. Le point qui les reliait était un simple fait ; ils étaient considérés comme rebelles. Et si les deux comparses n’avaient entendu parler d’Anyel grâce au fameux jeu entre coupables du « Qu’as-tu fait pour être là », nul doute qu’ils ne se seraient approchés du bout de minois. Mais Anyel, seul meurtrier dans la flopée de petits délinquants et autres voleurs, s’était attiré immédiatement la sympathie des deux hommes à la simple évocation de son crime. C’est ainsi que le plus naturellement du monde, à la joyeuse débandade accidentée, ils lui proposèrent de venir avec eux. Il ne resta cependant pas plus de trois mois avec les deux loubards, restant la plupart du temps cloîtré dans un petit appartement vide et miteux tandis que les deux autres, se traînant de quartiers en quartiers, trop amoureux du luxe et des grivoiseries peu prudentes, finirent irrémédiablement par se faire encore attraper ; il vécut cependant auprès d’eux assez longtemps pour que sa science des humains soit irrémédiablement marquée par les dires de ces amicaux influents, qui racontèrent, la fierté et l’insubordination dans les yeux, leurs péripéties narrant la cruauté des scientifiques se servant des espèces hybrides comme cobayes pour diverses expériences. Anyel, admiratif et baignant toujours dans la douce fleur de la naïveté, faisait un public parfait. A leur capture, il resta terré encore deux jours dans le refuge, puis ne voyant plus personne revenir, et apprenant via une écoute attentive aux environs du poste de police que ses protecteurs avaient été pris, il choisit de quitter l’endroit pour aller barouder seul en ville. Il ne mit pas plus de trois mois à apprendre par cœur les lieux à éviter, et s’entraînant tous les jours, acquit tranquillement une audace et une finesse de grand voleur. Les mauvaises rencontres se succédèrent, gangs établis, quartiers privés ou parfois encore, vieux hommes aux intentions libidineuses ; en découla chez l’hybride un dégoût pour le toucher des autres, une peur du contact non demandé. Il atteignit les dix-huit ans. Ce qu’il ignorait en revanche, c’était la pression régnant au sein du commissariat de la ville, dont les grands patrons, rendus furieux de croiser si souvent les restes de méfaits d’un criminel aux airs trop malins, assignèrent à sa petite personne considérée comme dangereuse un flic attitré se devant de l’étudier, puis de l’annihiler.
Lorsque l’on est libre, tout semble plus difficile, mais aussi plus réjouissant. Il faut juste un peu d'espoir, attendre que se calme la folie des hommes, la violence de leurs pensées et de leurs idéaux. Croire en une égalité qui tarde à se faire connaître, prier en un renouveau. Il y a des aubes auxquelles on croit mais que l'on ne voit jamais venir. Alors il faut vivre en quêtant le bonheur comme l'on peut, en attendant que le soleil se montre. C'est ça la liberté. Pouvoir faire ce que l'on veut, quand on veut, même si les conditions ou l'on vit sont misérables, provoque un sentiment de bonheur permanent. Et c’est dans cet esprit qu’est resté l’hybride ; car après tout, s’il n’avait eu personne pour lui apprendre à vivre, il fallait bien qu’il débute un jour, par ses propres moyens.
Il vivait sous le ciel, donc.
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